Il était difficile d’imaginer la portée des technologies, notamment l’utilisation des IPad, de téléphones portables ou encore des réseaux sociaux qui ont complétement changé notre façon de vivre, consommer et interagir avec les autres. Sans parler de la possibilité de réserver un vol ou un hôtel, ou commander un taxi en quelques clics, sans devoir composer un numéro. C’est pourtant désormais la norme, et nous ne reviendrons plus à cette époque révolue.
Tout changement de comportement prend du temps, et doit passer par des étapes. Aujourd’hui, de nombreuses personnes font l’expérience d’un changement radical au niveau de leur travail, en ce qui concerne leur trajet, leur site et leurs interactions professionnelles : toutes les étapes normales du processus de changement ont été brûlées. Sans aucune préparation, on se retrouve catapulté dans le présent, faisant preuve de nouveaux comportements, dans de nouveaux environnements.
Pour beaucoup, ce nouvel environnement n’est pas aussi mauvais qu’on pourrait le penser. Et pour ceux qui acceptent d’en faire partie un retour en arrière semble peu probable.
C’est devenu la nouvelle « normalité », même pour les mois à venir, quand les restrictions de mouvement seront moins strictes.
En évoquant les changements sismiques sociétaux causés par des événements majeurs, Robert Kargon, un professeur d’Histoire des sciences à l’Université Johns Hopkins a déclaré : « Ces types d’urgences accélèrent les tendances qui existaient déjà dans la société. »
En ce moment-même, il semble qu’il existe un fort désir pour une planète plus durable, un meilleur équilibre entre travail et vie privée, moins de trajets quotidiens, et plus de flexibilité dans le travail. Jusqu’aux événements récents, on pouvait argumenter qu’Internet avait amélioré notre vie quotidienne. Désormais, Internet EST essentiel à notre vie quotidienne, nos interactions visuelles avec ceux que nous ne pouvons aller voir, nos moyens de subsistance, notre sécurité, ainsi que notre équilibre. A-t-il finalement trouvé sa raison d’être ?
Même les professions qui ne sont pas dépendantes de la technologie, comme les enseignants, les coachs sportifs et les professionnels de santé, y ont désormais recours comme jamais auparavant.
C’est devenu leur nouvelle norme, alors : quel effet cela aura-t-il sur l’informatique et l’infrastructure qui la soutient ?
En supposant que la pendule ne revienne jamais exactement là où nous en étions, et en prenant connaissance de l’augmentation spectaculaire de la demande des services cloud, il semble évident qu’une augmentation et une accélération de la cloudification vont suivre.
Les entreprises voudront être plus résistantes aux nouveaux chocs et avoir la capacité de proposer un nouveau mode de travail. Elles favoriseront davantage les services sur cloud, dans le but de garantir un accès à distance et le rendre facile.
Et, bien sûr, pour qu’elles soient moins sujettes aux effets des chocs futurs, elles souhaiteront s’appuyer sur les partenariats avec des sociétés technologiques qui leur offriront le meilleur niveau de protection possible, en tenant compte de choses aussi anodines en apparence que la proximité d’un technicien de maintenance au sein de leur établissement.
Étant donné la demande accrue de prestation de services cloud, et les considérations de coût et de vitesse que celle-ci implique, il est probable que les hyperscalers et les fournisseurs de colocation commenceront à distribuer ces services à un rythme encore plus soutenu, vers une base d’utilisateurs désormais plus distribuée.
Étant ainsi mieux protégés pour les moments difficiles, ils pourront évoluer de façon plus fluide.
La vitesse du déploiement s’accélérera, et la demande de concepts, tels que les datacenters préfabriqués, augmentera probablement.
De plus en plus de services cloud sont déployés localement, et tous comptent sur le dernier kilomètre pour parvenir à l’utilisateur. Si le volume total du trafic ne risque pas de changer, les schémas en revanche évolueront. Les sites professionnels disposant de connexions puissantes diminueront, et les zones résidentielles avec moins de capacité prendront plus d’ampleur.
Les goulots d’étranglement aux nœuds de réseau où les lignes convergent seront probables.
Ajoutez à cela la chaleur supplémentaire qui sera générée sur ces sites, en raison du fonctionnement informatique à une capacité proche de 100 %, et la dissipation de chaleur deviendra un sujet « brûlant », surtout lorsque les températures estivales décolleront et que la maintenance en deviendra risquée. Les humains sont l’espèce la plus flexible, et nous nous adapterons avec succès. Ce qui change, c’est la vitesse et les leviers d’influence.
Si nous avions dû faire face à cette transformation informatique rapide vers le télétravail il y a seulement 15 ans, nous aurions été beaucoup moins préparés à soutenir cette continuité de l’activité qui est essentielle pour nos communautés, maintenant et à l’avenir.