Elle devrait pourtant devenir un vrai sujet pour l’ensemble de l’industrie IT. Dans quels domaines de l’IT les comportements éthiques s’illustrent-ils le mieux et à quel niveau pouvons-nous déceler des pistes de progression ?
Deux domaines devraient intégrer la notion d’éthique. Le premier concerne le développement de produits où les acteurs malicieux et la peur sont les principaux obstacles à des modèles éthiques. Le second est, quant à lui, lié à la culture de l’industrie informatique, où la complaisance et l’avidité peuvent souvent empêcher de « faire ce qui est juste ».
Lorsque le sujet de l’éthique dans l’IT est abordé, l’intelligence artificielle est au cœur des discussions car cette technologie est mal comprise et souvent considérée comme effrayante. Or, l’éthique ne devrait pas s’appliquer uniquement à l’IA mais bien à l’ensemble de la chaîne de développement de produits IT. Dès la phase de R&D, se contenter de définir les fonctionnalités auxquelles une technologie est supposée répondre est insuffisant et il est indispensable de s’interroger sur le potentiel positif qu’il représente ou non, au-delà de l’objectif fixé.
Intel a par exemple développé ses processeurs avec puces en tenant compte de l’innovation informatique et en les envisageant comme des leviers d’efficacité opérationnelle pour générer du revenu. Malheureusement, c’était sans compter sur les vulnérabilités Meltdown et Spectre découvertes quelques années plus tard dans les processeurs. Cet exemple montre alors que, dans toute technologie, il existe des fonctionnalités qui peuvent ne pas être prises en compte ou reconnues lors de la phase de développement.
Si des technologies telles que les robots, les drones ou les super-ordinateurs ont été créées à l’origine avec les meilleures intentions comme renforcer l’efficacité ou encourager le deep learning leur puissance et leur potentiel peuvent induire des comportements et des résultats imprévus voire, non voulus. Il est facile de s’éprendre d’une technologie si attrayante et si brillante, que les avantages commerciaux et sociétaux l’emportent sur les risques associés. D’ailleurs, une citation du film Jurassic Park illustre d’ailleurs parfaitement cette notion : « La véritable préoccupation des scientifiques est la réussite. Tout ce qui les intéresse, c’est de savoir s’ils peuvent faire quelque chose et ils ne prennent jamais le temps de se demander s’ils devraient le faire. »
Il est indéniable que nous devons garder cet élément à l’esprit, en particulier dans l’industrie de l’IT. Évaluer aussi bien les bonnes que les mauvaises utilisations possibles d’une technologie, intégrer la sécurité dès la conception et développer des standards éthiques permettront de préserver l’avenir. Les fabricants, les développeurs et les commerciaux devraient également assumer la responsabilité de leur technologie et les entreprises devraient établir une culture ouverte et collaborative qui nous permette de dénoncer les échecs et d’en tirer des leçons.
Cela nous amène alors à la question de la culture de l’industrie IT. L’objectif fondamental de la technologie est d’optimiser la productivité, la sécurité et l’expérience utilisateur. Or, il est souvent admis que les commerciaux sont bien trop obnubilés par leurs objectifs, entrant alors en contradiction avec ces principes. Cette perception peut empêcher les organisations d’établir des partenariats constructifs et par conséquent entraver l’amélioration de l’efficacité, de la cyber-résilience et de l’expérience. C’est précisément là où l’éthique entre en jeu. Les équipes commerciales qui souhaitent changer la donne et aider leur entreprise devraient mettre de côté les techniques d’intimidation. Il est facile de s’approprier des discours alarmistes et d’espérer qu’en répandant la peur, l’incertitude et le doute, cela débouchera sur une vente. En réalité, les discussions constructives, collaboratives et emplies d’espoir sur l’innovation seront celles qui feront vraiment la différence et qui permettront aux vendeurs d’établir des relations de confiance et des partenariats durables.
Parallèlement à la bonne réputation qui découle naturellement de la qualité des produits, les dirigeants doivent prendre en compte un certain nombre d’éléments s’ils souhaitent développer une réputation positive et faire valoir la bonne volonté de leur entreprise.
Dans un premier temps, tout entreprise IT devrait examiner attentivement chaque équipe recrutée et s’assurer qu’elle fait appel à des talents qui correspondent bien à la culture de l’entreprise et qui veulent vraiment faire la différence. Il y aura toujours des objectifs de vente et des éléments de motivation financière pour assurer le succès continu de l’entreprise. Mais les employés doivent également être encouragés et soutenus pour établir des relations authentiques et faire valoir qu’ils portent attention à ce qu’ils font.
Ensuite, les acteurs IT doivent s’assurer que les initiatives de RSE ne soient pas réduites à une simple liste de choses à faire, mais qu’elles contribuent bien à l’amélioration continue du secteur en misant par exemple sur la prochaine génération de professionnels de l’IT et en la soutenant. L’idée est de se tourner vers l’avenir au lieu de se contenter simplement de tirer profit du marché actuel.
Au final, il ne faut pas oublier que l’argent n’est pas la seule priorité, surtout en temps de crise. Comme les batailles se déroulent de plus en plus souvent en ligne, les professionnels de la sécurité doivent être considérés comme nos prochains super-héros : il est temps d’en prendre conscience.