Cette étude aborde pour la première fois l’attitude des Français concernant l’intelligence artificielle générative, qui est aujourd’hui au cœur de tous les débats sur l’IA, comme l’a montré la déclaration de Bletchley Park du 1er novembre dernier, signée par 28 États et l’Union Européenne, et la signature par Joe Biden, le 30 octobre, d’un Executive Order sur la prévention des risques potentiels de l’IA sur les Américains.
Premier constat, l’IA générative est encore un outil à découvrir pour une grande majorité des Français. En effet, un peu moins d’un Français sur quatre affirme avoir déjà utilisé une telle IA dans sa vie personnelle et 16 % dans la vie professionnelle, même si ces proportions sont un peu plus élevées chez les salariés (30 % et 20 %). Une majorité des personnes interrogées s’accorde pour estimer que ces IA auront des conséquences positives dans une grande diversité de domaines et d’applications, de l’informatique au recrutement, en passant par l’accès à davantage d’informations sur un sujet. De la même façon, les Français ont bien compris ce que l’IA générative pouvait leur apporter : augmenter leur créativité (51 % des réponses), gagner du temps (63 %) et améliorer la productivité (70 %).
Mais des doutes demeurent. Certes, un Français sur deux indique nourrir une opinion positive de l’IA générative (contre six Français sur dix concernant l’IA en général), mais la proportion de ceux qui en ont une opinion négative est importante (37 %). Parmi les principaux risques pointés par les personnes interrogées, figurent notamment :
L’utilisation des données personnelles (69 %)
Les suppressions d’emplois (63 %)
Le respect de la propriété intellectuelle (58 %)
Au total, les opinions sont assez divergentes sur l’ampleur de la révolution technologique que représente l’IA générative. Alors que 29 % des Français (33 % chez les salariés), estiment que l’IA générative est une révolution majeure pour l’humanité comparable aux révolutions agricoles, industrielles et numériques du passé, 41 % y voient une innovation importante certes, mais ni essentielle ni structurante. Un Français sur dix estime même qu’il s’agit d’un phénomène sans importance.
Ce baromètre révèle par ailleurs un désir intense de compréhension et d’explication. 45 % des personnes interrogées souhaitent être mieux sensibilisées aux conséquences de l’IA et de l’IA générative dans le cadre de leur travail, cette proportion monte même à 58 % chez les salariés. En outre, pour 70 % des Français, l’IA générative doit être sous contrôle humain, et doit nécessiter un travail de relecture et de vérification après son intervention.
Même si un Français sur deux exprime sa confiance dans l’IA (56 % chez les salariés), le développement d’une IA « digne de confiance » est jugé « essentiel » par 30 % des personnes interrogées (36 % chez les salariés) et « important mais pas essentiel » pour 36 % d’entre elles. Au total, cette aspiration à une IA de confiance est donc revendiquée par sept Français sur dix.
Cela implique un certain degré de contrôle dont les contours et les modalités font aujourd’hui l’objet de nombreuses discussions en France et en Europe. Qui serait le mieux placé pour mettre en œuvre ce contrôle ? Pour les Français, il n’y a aucune ambiguïté. Ce sont aux entreprises de la Tech (pour 17 % des personnes interrogées) et aux experts et scientifiques (selon 19 % des personnes interrogées) de remplir cette mission. Seuls 11 % des personnes interrogées évoquent le rôle des pouvoirs publics français, 8 % celui des pouvoirs publics européens et 5 % celui de la société civile.
« Ce baromètre exprime, globalement, une assez grande adhésion des Français concernant les avantages et les services que peut rendre l’intelligence artificielle dans leur vie personnelle ou professionnelle. Mais la revendication exprimée pour une IA digne de confiance est à prendre très au sérieux. Les États commencent à prendre la mesure des risques de l’IA, comme l’a montré notamment le sommet international de Bletchley Park. Il est donc primordial d’orchestrer une synergie, où innovation et réglementation se fortifient réciproquement, pour construire une IA qui répond aux besoins et aux attentes des citoyens. » Christophe Lienard, Président d’Impact AI.