Mais le phénomène du stalking ne se limite malheureusement pas aux stalkerwares : en France, 34 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes de harcèlement, ou le soupçonnent.
Les stalkerwares se font généralement passer pour des applications légitimes d’antivol ou de contrôle parental sur les smartphones, les tablettes et les ordinateurs, mais la vérité est tout autre. Ils s’installent sur un appareil sans nécessiter le consentement de la personne suivie ni même la notifier, et donnent à l’auteur du délit les moyens de prendre le contrôle sur la vie de la victime. Les capacités de ces stalkerwares varient en fonction de l’application.
The State of Stalkerware est un rapport annuel de Kaspersky qui vise à évaluer le nombre de victimes de harcèlement numérique à l’échelle globale afin d’appréhender le phénomène au mieux. En 2023, les données de Kaspersky révèlent que 31 031 personnes dans le monde ont été touchées par des logiciels de harcèlement, soit une augmentation de près de 6 % d’une année sur l’autre par rapport aux 29 312 utilisateurs touchés en 2022. Ces chiffres inversent la tendance à la baisse observée en 2021 et confirment que le harcèlement numérique reste un fléau bien actuel.
Selon le Kaspersky Security Network, 2023, ce sont les utilisateurs russes, brésiliens et indiens qui sont le plus concernés par le phénomène, mais la France se classe seconde en Europe, derrière l’Allemagne et juste devant le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie.
Le spectre des abus est varié, plus d’un tiers (38 %) des personnes interrogées en France faisant état d’expériences de violence ou d’abus de la part d’un partenaire actuel ou antérieur. 16 % des répondants français ont révélé avoir été victimes d’une forme de harcèlement en ligne de la part d’une personne qu’elles ont récemment fréquentée. Plus généralement, 35 % d’entre eux ont déclaré avoir été victimes de harcèlement ou soupçonner d’avoir été harcelés.
Par ailleurs, 14 % ont admis avoir installé ou paramétré le téléphone de leur partenaire, tandis que 11 % ont reconnu avoir fait pression sur leur partenaire pour qu’il installe des applications de surveillance. Néanmoins, l’idée de surveiller un partenaire à son insu est désapprouvée par la majorité des individus (54 %), ce qui reflète un sentiment dominant à l’encontre de ce type de comportement. En ce qui concerne les attitudes à l’égard de la surveillance consensuelle des activités en ligne d’un partenaire, 44 % des répondants français expriment leur désapprobation, soulignant l’importance du droit à la vie privée. À l’inverse, ils sont 23 % à s’exprimer en faveur d’une transparence totale dans les relations et considèrent qu’une surveillance consensuelle est acceptable et indiquée, tandis que 16 % la jugent acceptable uniquement en cas d’accord mutuel.
« Ces résultats mettent en évidence l’équilibre délicat que les individus trouvent entre intimité et vie privée. Si l’on peut se réjouir d’observer des comportements de plus en plus prudents en ce qui concerne les données sensibles, la pratique du partage de mots de passe des services de streaming et les photos témoigne d’un changement culturel et comporte des risques potentiels, même si cela peut paraître a priori inoffensif. Ces observations soulignent l’importance de favoriser une communication ouverte dans les relations et d’établir des limites claires pour des usages numériques sains. », observe David Emm, expert en sécurité et en confidentialité des données chez Kaspersky.
Dans la plupart des pays du monde, l’utilisation de logiciels de surveillance n’est pas interdite, mais l’installation de telle application sur le smartphone d’une personne tierce sans son consentement est illégale et punissable. Toutefois, c’est l’auteur de l’infraction qui sera tenu pour responsable, et non le développeur de l’application. Logiciels de harcèlement et technologies connexes sont des outils de la violence technologique, et sont souvent utilisés dans les relations abusives.
Les stalkerwares sont l’expression d’un problème qui nécessite une action de la part de tous les secteurs de la société. Kaspersky s’engage non seulement activement à protéger les utilisateurs contre cette menace, mais aussi à maintenir un dialogue à plusieurs niveaux avec des organisations à but non lucratif et des organismes du secteur privé, public et de la recherche dans le monde entier afin de travailler ensemble sur des solutions pour s’emparer du problème.
En 2019, Kaspersky a été la première entreprise de cybersécurité à développer une fonctionnalité permettant de notifier clairement les utilisateurs si un stalkerware est détecté sur leur appareil. Alors que les solutions de Kaspersky signalent depuis de nombreuses années les applications potentiellement nuisibles qui ne sont pas des logiciels malveillants pour autant, dont font partie les stalkerwares, cette nouvelle fonctionnalité de notifications alerte l’utilisateur sur le fait qu’une application a été trouvée sur son appareil et qu’elle pourrait être en mesure de l’espionner.
S’agissant d’un phénomène beaucoup plus large que la simple question des stalkerwares, Kaspersky collabore avec des experts et des organisations compétentes dans le domaine des violences domestiques, des services d’aide aux victimes aux instituts de recherche en passant par les agences gouvernementales, afin de mutualiser les connaissances et de soutenir les victimes et les professionnels engagés dans la lutte contre les violences domestiques.
En 2019, Kaspersky a également cofondé la Coalition Against Stalkerware, un groupe de travail international contre le stalkerware et la violence domestique qui rassemble des entreprises informatiques privées, des ONG, des institutions de recherche et des organismes d’application de la loi qui travaillent à la lutte contre le cyberharcèlement. Grâce à un consortium de plus de 40 organisations, les parties prenantes peuvent partager leur expertise et travailler ensemble pour résoudre le problème de la violence en ligne. De plus, le site web de la coalition, disponible en sept langues, offre aux victimes une aide et des conseils au cas où elles soupçonneraient la présence d’un logiciel de harcèlement sur leurs appareils.