Malgré la complexification des installations engendrée par l’Industrie du Futur, les industriels doivent conserver leur agilité, contrôler les coûts d’exploitation et assurer la sécurité des sites. Pour répondre à ce défi, il est essentiel d’adapter la gestion des flux d’informations à ce nouveau contexte. Et quoi de mieux que de prendre exemple sur des secteurs qui ont traversé des enjeux similaires ?
Les technologies liées à l’Industrie du Futur, aussi bien matérielles qu’immatérielles, augmentent considérablement la complexité des sites industriels. Ces sites évoluent vers des systèmes interconnectés où de nombreuses fonctions électroniques, logiciels, mécaniques interagissent : capteurs pour optimiser la consommation énergétique, multiplications des opérations sur un même poste, vidéosurveillance pour détecter les défauts, chaine numérique complète....
Ainsi, les besoins liés la construction et l’exploitation des sites industriels se rapprochent de la maintenance en condition opérationnelle de systèmes tels que les systèmes d’armes et de télécommunications, les équipements contrôle-commande ou les lanceurs de satellites.
Face à ce bouleversement, PME et grands comptes industriels ne peuvent plus se contenter d’une « armoire à plans » pour gérer leurs installations et l’évolution des bâtiments. Il faut maintenant intégrer une collaboration transversale en interne et en externe mais aussi des fonctions propres à la gestion de systèmes complexes (défense, aérospatial…) avec en particulier ce qu’on appelle la « gestion de configuration ».
En effet la gestion de configuration permet de définir un équipement ou un dossier documentaire selon une hiérarchie arborescente représentant un point de vue métier (maintenance, R&D, qualité …). Elle identifie les informations relatives aux liens entre deux éléments (quantité, dates d’effectivité du lien, rang d’application…) et assure la traçabilité et l’historique des évolutions au cours du temps.
Si chaque acteur au sein de l’usine n’est intéressé que par une partie des informations, les données sont pourtant de plus en plus interconnectées avec celles des autres métiers. Avec cette organisation, chaque typologie d’acteur pourra ainsi avoir « sa vue métier » du site industriel : technique, financière, réglementaire… tout en permettant à chacun de bénéficier de la contribution de tous, quel que soit son service.
Qui plus est, en multipliant les interconnexions entre les éléments du site, une part importante de la connaissance est portée par les liens eux-mêmes. Ce sont ces liens qui animent et rendent l’ensemble des données vivantes. Voici quelques exemples de besoins pratiques recensés chez les industriels :
Accéder aux informations selon leur contexte (métadonnées, hiérarchie, thésaurus…). Ex : « Dans le bâtiment A, quels sont les plans validés des robots de plus de 50K€ et qui ont été audités dans les 3 derniers mois ? ».
Suivre les compatibilités de chaque équipement pour interagir en toute sécurité avec l’ensemble du système industriel.
Reconfigurer un atelier en fonction du produit fabriqué le plus rapidement possible. Il faut pouvoir identifier l’ensemble des impacts avant toute modification (« Que se passe-t-il si… ?), sur les éléments liés au projet mais aussi sur les autres services du site industriel.
Accéder directement au manuel d’utilisation et aux informations d’un équipement en « flashant » son Q/R code sur le terrain.
Comparer l’évolution du site industriel, ou d’équipements spécifiques entre deux dates et retrouver le « qui, quoi, comment, quand, pourquoi » de chaque modification.
Maîtriser la configuration système est au cœur du secteur aérospatial. L’« agilité » des sites industriels prônée par l’Industrie du Futur passe elle-aussi par ce concept. Dans le secteur de l’énergie et en particulier du nucléaire, le rapprochement entre gestion d’infrastructures et ingénierie système existe déjà depuis plusieurs années. Il s’agit maintenant d’étendre cette vision à l’ensemble des sites industriels.
Derrière cet enjeu, ce qui se joue c’est directement la continuité numérique et la possibilité de disposer d’un double digital du site qui intègre toutes les facettes nécessaires à son exploitation.