Le mouvement Open Data cherche à montrer les bénéfices des données ouvertes et à encourager l’adoption de politiques d’ouverture à la fois au niveau de la société civile, des entreprises et des gouvernements. Or, ce mouvement reste limité alors même que les possibilités de changements qu’il pourrait engendrer sont immenses.
Nombreux sont les militants à travers le monde en faveur de l’Open Data. On peut citer EtatLab, structure aidant à la digitalisation et à la modernisation du gouvernement. Ou encore l’Association Open Data France créée en 2013 qui accompagne les collectivités locales dans l’ouverture de leurs données. Parmi les arguments avancés par ces associations se trouvent notamment le potentiel d’innovation et de développement économique que les données ouvertes permettraient de dégager.
En 2013, Barack Obama, avait ouvert la voie à la standardisation de l’Open Data avec un décret exigeant que tous les nouveaux systèmes informatiques mis en place par le gouvernement américain soient ouverts et machine readable (lisibles par machine). La lisibilité par machine est en effet un critère important des données ouvertes, puisque le but est de les rendre utilisables par le plus grand nombre.. En France, La Loi Lemaire a suivi le même modèle.
D’un point de vue politique et démocratique, l’Open Data encourage la transparence des gouvernements et de leurs actions en facilitant l’accès aux documents administratifs. Le site data.gouv.fr est un premier pas vers l’ouverture des données de la part des institutions publiques. Chacun peut par exemple savoir comment, à qui, et pour quels montants sont attribués les contrats publics. Cela fait notamment partie des exigences de la société civile pour éviter la corruption. L’Assemblée Nationale a également commencé à ouvrir certaines de ses données, disponibles sur data.assemblee-nationale.fr
Mais l’Open Data offre également des avantages économiques, en proposant des services plus adaptés en temps réel.. Par exemple, les données ouvertes peuvent faire évoluer l’organisation des services hospitaliers grâce à la publication de données sur le parcours d’accueil et de soin des patients. Des données accessibles sur les catastrophes naturelles et humaines ainsi que sur la pollution de l’air peuvent également aider à la protection des hommes et de l’environnement. Des capteurs mesurant le bruit et la pollution – dont les données sont mises à disposition du public - ont par exemple été installés sur la Place de la Nation à Paris. Il s’agit notamment de donner aux riverains et aux associations la possibilité de participer au processus de décision politique grâce à la connaissance des données.
L’Open Data se démocratise donc, mais à petits pas. Pourquoi ? Parce qu’il fait peur.
Dans un premier temps, les administrations s’opposent généralement à l’ouverture de leurs données, de peur que ces dernières ne soient pas complètes ou de qualité médiocre. Rendre publiques des données de mauvaise qualité risque en effet de leur faire perdre en crédibilité.
Par ailleurs, une question financière est souvent avancée. La collecte des données par les administrations a un coût, absorbé par l’Etat. Or, suite à l’ouverture de ces données, une personne lambda peut potentiellement les réutiliser dans un but lucratif, en créant une application générant une source de revenu.
Enfin, le grand public craint parfois que des données relatives à leur vie privée (recensement ou données médicales par exemple) soient identifiables et réutilisables par tous. Cette crainte est sans fondement puisque les données doivent légalement être rendues anonymes avant d’être ouvertes. Et même alors, elles restent riches de sens.
En théorie, le mouvement visant à une plus grande ouverture des données est descendant : l’Europe impose la mise en place d’un standard aux différents Etats. Eux-mêmes imposent ensuite ce dernier aux différents échelons administratifs, du national au local.
En pratique, certaines entités locales ont très tôt compris l’avantage de mettre à disposition leurs données afin que leurs utilisateurs les aident à améliorer leur service. Le village de Brocas – petite commune du Sud Ouest de la France – met par exemple à disposition des données sur les accidents de la route, la qualité de l’air ou les associations de la commune.
La pression qui s’exerce sur les Etats pour l’ouverture de leurs données provient donc à la fois d’en haut (l’UE) et d’en bas (les citoyens).
Malgré quelques freins, l’Open Data constitue un enjeu de taille et ne peut aller qu’en s’améliorant. La réutilisation citoyenne des données permettra à tous de déceler plus facilement des éléments et problèmes que les administrations n’auraient peut-être pas vus, ou pas eu le temps d’analyser. Il s’agit d’un potentiel de progrès non négligeable qui pourrait engendrer une nouvelle confiance dans le système, grâce à la transparence et à la prise de décision basée sur des faits.
Jade Le Van fait partie de l’équipe parisienne de Tableau Software et travaille à la popularisation de Tableau Public, version gratuite du logiciel doublée d’une plateforme en ligne où chacun peut publier ses visualisations. Elle est issue d’une formation pluridisciplinaire en sciences sociales suivi d’un master en finance d’entreprise.