David Jonglez, Directeur du Business Development chez Esri France, fait le point sur les nouvelles tendances d’utilisation de l’intelligence géographique en 2016.
L’utilisation du SIG s’encre davantage dans une démarche collaborative. Le projet data.gouv.fr piloté par la mission Etalab pour encourager l’ouverture des données en France démontre cette collaboration à l’échelle d’un pays sur un champ particulier des données, celui de l’OpenData. Dans la lignée des directives européennes INSPIRE et PSI, les pays vont fédérer les ressources de données géographiques pour donner naissance à ce qu’Esri appelle « GIS for the Nation » visant à partager et enrichir collectivement les données et ainsi développer les usages et, à travers eux, la valeur pour la collectivité.
En 2016, on peut facilement prédire une expansion des usages de l’analyse spatiale mise au service du business. Le développement du géomarketing n’en est qu’un exemple. Le Geo-analytics, en conjuguant l’accessibilité des données aux capacités d’analyse spatiale, permet en effet de résoudre des problématiques d’entreprise à divers niveaux : marketing, logistique et supply chain, ressources humaines, choix des investissements...
La donnée brute en tant que telle n’apporte que peu de valeur. Ainsi l’analyse spatiale des données en temps réel permet de l’enrichir, en l’agrégeant à l’échelle d’un territoire, en l’enrichissant de données démographiques, ... Les Geo-services offrentcette intelligence géographique pour transformer la donnée en une information utile.
La loi NOTRE promulguée à l’été 2015 propose plus de 150 mesures accompagnant la réorganisation territoriale des régions. Le pendant du volet législatif d’une part ainsi que leur expérience en matière d’OpenData et d’infrastructure de données géographiques d’autre part, conduisent notamment les collectivités à mettre en place des régies de données territoriales. Les SIG sont au cœur des compétences, infrastructures et données de ces régies de données territoriales.
La géographie se met à la portée de tous, grâce à la mise à disposition d’applications personnalisables et prêtes à l’emploi. L’utilisateur novice peut ainsi configurer facilement et rapidement des outils accessibles à tous, de n’importe où et sur tout type d’écran, avec un bénéfice immédiat.
Du côté des développeurs en revanche, les services d’analyse spatiale permettent d’enrichir une application, facilement et sans infrastructure lourde à déployer. Ce qui est nouveau, ce n’est pas d’intégrer une carte dans une App, mais d’exploiter les capacités d’analyse spatiale dans une application, que celle-ci propose à l’utilisateur une carte ou pas. Un exemple concret : les alertes géolocalisées par SMS, qui peuvent m’avertir d’un prochain passage de bus ou prévenir un asthmatique qu’il va rentrer dans une zone de plus forte pollution atmosphérique. Dans ces 2 cas, l’intelligence géo-spatiale est consommée en tant que service par les applications, sans que l’usager n’ai perçu la moindre carte.
En 2016, c’est désormais une évidence. Si le BIM (Building Information Modelling) permet de modéliser très précisément un projet de construction ou de réaménagement et de gérer le cycle de vie de l’ouvrage, y coupler le SIG devient naturel puisqu’il offre une analyse complémentaire de son environnement, afin de prendre les meilleures décisions dans les phases d’avant-projet, de construction, d’exploitation ou de démantèlement.
Dans la mouvance des objets connectés qui inondent déjà notre quotidien, les geo-enabled Apps s’apprêtent à investir nos véhicules. La voiture est, par définition, mobile, et se nourrit de données dynamiques. Tout comme il existe des applications pour les transports collectifs, nos véhicules deviennent de plus en plus guidés par les capacités d’analyse spatiale : alternative modale en fonction du trafic, comparatif du temps de parcours, covoiturage dynamique, prédiction du risque d’accident, push d’information le long du parcours, ...
Par exemple, il est admis que près d’un tiers de la congestion urbaine est directement liée à la logistique de la ville. Les données géographiques et l’analyse spatiale se révèlent particulièrement utiles aux collectivités pour mieux gérer, dans cet exemple, leur flotte de véhicules et notamment la collecte des déchets en prévoyant le remplissage des bennes à ordure par recoupement de l’historique de remplissage, de données socio-démo-économiques, etc. Cette capacité à prédire peut être appliquée à l’état du trafic, à la charge dans les réseaux de transport public, ou encore dans l’agriculture (sur la pousse des végétaux ou l’épidémiologie), la sécurité intérieure (délinquance), ...
La carte est un media puissant capable de rendre compréhensible nos idées à travers une représentation schématique du territoire, et ainsi, d’en faire émerger des informations concrètes, que chacun peut désormais s’approprier. L’Observatoire des Métropoles développé par Esri en est un bon exemple, permettant de souligner des données économiques et sociales révélées à travers le prisme géographique. Plus que jamais, la carte s’inscrit dans la vie de tous et de tous les jours, pour comprendre le réchauffement climatique, les résultats des élections régionales ou le projet urbain de son quartier.