La croissance de tous les secteurs d’activité, des télécommunications en passant par les banques, l’industrie ou l’agriculture, repose sur un degré toujours plus élevé et plus complexe d’informatisation. Les développeurs créent les innovations de demain. L’impact de leur profession est bien plus stratégique qu’on ne le laisse entendre (*1).
Si l’informatique est partout, on manque aujourd’hui cruellement d’informaticiens. Les raisons de cette pénurie sont multiples : offres de postes très supérieure à la demande, pas assez d’étudiants formés, image du métier. Partout dans le monde, les états tirent la sonnette d’alarme : les initiatives gouvernementales pour démocratiser l’apprentissage de la programmation dès le plus jeune âge se multiplient (code.org, codeweek.eu…). Former des développeurs - par millions - devient un enjeu planétaire crucial. Mais si les institutions s’alarment, cette situation de crise reste encore méconnue du grand public qui est loin de se douter que l’activité économique mondiale risque un ralentissement généralisé si on n’enraye pas la pénurie.
Dans ce contexte, les sociétés qui cherchent aujourd’hui à recruter des développeurs et qui ne bénéficient pas de la renommée des majors comme Google ou Facebook doivent se préparer à une vraie traversée du désert. Les développeurs sont extrêmement demandés, et il devient de plus en plus difficile de les convaincre de rejoindre son entreprise. Trouver le développeur qui répondra aux attentes d’un poste donné est un défi pour près de 75% des recruteurs (et pour plus de 80% des startups). De plus en plus, les canaux traditionnels de recrutement (annonces sur les sites d’emploi, salons) sont inefficaces. Sur-sollicités, les développeurs ne postent pas leur profil sur les sites emploi, et répondent rarement aux offres qu’ils reçoivent. Pour la plupart, ils sont de toute façon déjà en poste. Enfin, les développeurs sont très sensibles à la culture d’entreprise et à l’environnement de travail qui leur est proposé : sur un marché tendu, ils choisiront en priorité les sociétés pour lesquelles ils ont envie de travailler (entendez par là, celles qui bénéficient de la meilleure marque employeur et de l’ambiance la plus sympa).
Dans ce contexte, des canaux de recrutements “innovants” se multiplient. Applications pour faciliter la cooptation, la recommandation sur les réseaux sociaux, le “matching” automatisé candidats-employeurs, les alertes personnalisées… Ces nouveaux vecteurs portent-ils réllement leurs fruits ? Permettent-ils d’entrer en contact avec les développeurs que l’on cherche, c’est à dire, ceux qui sont talentueux et qui aiment leur métier ?
Pour recruter des développeurs, il faut d’abord les comprendre. La plupart des développeurs sont des passionnés. Pourquoi ? Parce que programmer s’apparente à un jeu de réflexion : il s’agit de pouvoir imaginer, concevoir et réaliser la solution la plus efficace à un problème donné, en y mettant beaucoup de soi. En d’autres termes, pour les afficionados du code, programmer est un art, qui implique une dose importante de créativité, et d’imagination. Un développeur investi sur un projet techniquement motivant et challengeant ne verra pas le temps passer.
Chez CodinGame, nous sommes des programmeurs de métier. Nous connaissons bien la petite étincelle que peut avoir dans les yeux un développeur confronté à un problème technique. Nous avons donc eu envie de pousser le concept plus loin : en créant la plate-forme codingame.com, nous mettons en avant le fait que la programmation est aussi un jeu. Pour permettre à des développeurs de rencontrer des entreprises qui leur plaisent et qui recherchent des talents, nous avons donc développé des parcours de jeux solos et multijoueurs. A échéances régulières, nous organisons des challenges de programmation en ligne.
Nos évènements s’apparentent à des hackathons mais leur but n’est pas de programmer une application de A à Z. Il s’agit bel et bien de jouer, comme on le ferait avec un jeu vidéo, mais en programmant les actions des personnages. Ces défis présentent plusieurs avantages : sous un angle ludique, ils permettent aux candidats de démontrer leurs compétences techniques (palette d’algorithmes maîtrisés, optimisation du code, gestion du temps, stratégie…) tout en leur épargnant un process de recrutement fastidieux (multiplication des entretiens techniques encore trop souvent réalisés sous la forme papier-crayon). Autre point important : une compétition en ligne aura l’avantage d’autoriser la participation de développeurs venus du monde entier. Pour les recruteurs qui participent à nos évènements, recruter à travers le jeu montre que l’on fait preuve d’ouverture, c’est-à-dire, qu’on se préoccupe d’avantage de ce que les candidats savent faire plutôt que de leur CV ou de leurs diplômes. Cela prouve qu’on est ouvert à accueillir des candidats différents, parfois aux parcours atypiques.
N’oublions pas que si coder est une passion, tout le monde n’en a pas forcément fait son métier. Ce vivier de talents cachés ne demande qu’à être découvert grâce au jeu.Dans la conjoncture actuelle et en attendant que les programmes de formation au code portent leurs fruits à grande échelle, cette approche nous semble être la meilleure alternative pour dénicher des talents là où on n’aurait pas pensé à les chercher.