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Attendez-vous à une bataille de messages stratégiques : les leaders américains, français et britanniques en matière d’IA vont minimiser l’importance de DeepSeek, tandis que la Chine cherchera à prouver qu’elle ne se contente pas de rattraper son retard, elle impose désormais le rythme. La diplomatie de l’IA est devenue aussi cruciale que son développement. La lutte pour le pouvoir ne se jouera pas sur qui construit le meilleur modèle, mais sur qui contrôle le récit autour de l’IA.

Mais la vraie question est : mesurons-nous le succès de l’IA de la bonne manière ? L’industrie est obsédée par la construction de modèles les plus grands, les plus rapides et les plus efficaces. Or, c’est une mauvaise approche. La vraie course à l’IA ne concerne pas la taille des modèles, mais leur déploiement. Quels pays et quelles entreprises intègrent réellement l’IA dans leur économie pour en tirer une valeur économique tangible ? Un modèle révolutionnaire sans adoption concrète n’est qu’un exercice académique. Les nations doivent cesser de se focaliser sur la bataille des laboratoires et se concentrer sur la guerre de l’intégration en entreprise.

Ce sommet est également un test décisif pour la stratégie européenne en matière d’IA. DeepSeek devrait être au cœur des discussions. Dans le cas contraire, cela montrerait que l’Europe reste trop focalisée sur la régulation et pas assez sur la compétition. L’IA est une industrie de ruptures, OpenAI a bouleversé Google du jour au lendemain, et maintenant DeepSeek prouve à quelle vitesse de nouveaux acteurs peuvent émerger. La vraie question n’est pas de savoir qui possède le meilleur modèle aujourd’hui, mais qui crée les conditions permettant à l’IA de se déployer à grande échelle. Si les entreprises et gouvernements européens ne privilégient pas la mise en œuvre de l’IA plutôt que des débats théoriques, ils seront les premiers à être laissés pour compte.

Cessons de prétendre que nous pouvons prédire les gagnants. Les avancées en matière d’IA se produisent à une vitesse fulgurante. OpenAI est sorti de nulle part, et maintenant DeepSeek entre en scène. Tenter de deviner quel modèle dominera dans deux ans est une perte de temps. Les entreprises ne misent pas sur un vainqueur unique, elles s’assurent de pouvoir s’adapter et intégrer le modèle le plus rapide, le plus efficace et le plus puissant à tout moment. Cela signifie bâtir une infrastructure prête pour l’IA, cultiver une culture de prise de décision pilotée par l’IA et garantir une agilité permanente.

Le duopole OpenAI/Anthropic est déjà en train de se fragmenter. De la même manière qu’AWS, Azure et Google Cloud ont développé des forces distinctes dans la bataille du cloud, les entreprises de modèles d’IA devront se spécialiser, se différencier et bâtir de véritables modèles économiques, pas seulement courir après la supériorité technique. L’idée que le leadership en IA restera concentré entre quelques entreprises est déjà en train de s’effondrer.

Pendant ce temps, l’efficacité énergétique devient un champ de bataille clé. La course à l’IA passe d’une logique de puissance brute à une puissance intelligente. L’accent mis par DeepSeek sur l’efficacité énergétique n’est pas qu’un argument marketing, c’est un avant-goût de la prochaine vague de compétition. Les meilleures entreprises d’IA ne chercheront pas seulement à optimiser la performance par token, mais à optimiser la performance par watt. Si OpenAI, Anthropic et consorts ne placent pas la durabilité au cœur de leurs métriques, ils ne perdront pas seulement sur le coût, mais sur l’adoption.

Et le plus grand bouleversement à venir ? La distillation des modèles. Tout le monde s’accorde sur l’avantage financier de DeepSeek, mais la vraie révolution réside dans sa capacité à réduire les modèles IA massifs en moteurs spécifiques et optimisés. DeepSeek n’a pas seulement publié un modèle révolutionnaire, il l’a immédiatement distillé en versions plus petites, héritant des capacités de raisonnement de R1 sans l’encombrement. C’est dans cette direction que se dirige l’IA. Les entreprises n’ont pas besoin de modèles gigantesques et généralistes, elles ont besoin d’IA précises, efficaces et adaptées à leurs besoins spécifiques. L’avenir ne sera pas dominé par le plus gros modèle, mais par le modèle de la bonne taille, fonctionnant sur des données fiables et de haute qualité. Si le Sommet pour l’Action sur l’IA ne se concentre pas sur cette évolution, il passe à côté de l’essentiel.

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